Il y a un peu plus de 30 ans devant le miroir de la salle de bain, en me rasant je me penche un peu en avant. En deux dixiemes de seconde , je suis allongé au sol, mes jambes se sont dérobées. J'ai la mauvaise sensation d'avoir reçu un coup de poignard dans le bas du dos. Mais cette douleur n'est rien par rapport à celle qui monte d'un coup, te paralyse alors que justement tu cherches à bouger pour trouver une position qui pourrait te soulager. Un camion trente tonnes vient de poser ses roues sur ton dos, un géant s'est emparé des ton bassin d'une main, de ton torse de l'autre et tente de t'essorer comme on essore une serpière. Et ça dure, ça dure, ça se calme soudain quelques secondes, puis ça revient. Même si j'arrive à me relever, surtout ne plus bouger, car baisser la tête, lever un bras, faire un pas peut réveiller brutalement les mêmes sensations. Et puis même sans bouger, ça continue. Depuis 32 ans, j'en ai bien fait une quarantaine, plus ou moins violents. Je me souvent de celui pour lequel je suis resté allongé trente minutes dans le stock informatique ou je travaillais en attendant que l'on remarque mon absence, de celui que j'ai fait un soir et pour lequel SOS médecin n'a pas voulu se déplacer ( "non monsieur, nous ne faisons pas la CUB ( la Communauté Urbaine de Brest ) , nous ne nous déplacons que dans Brest même !") et rester ainsi, couché par terre jusqu'au lendemain pour appeler mon médecin traitant qui m'a piqué avec je ne sais plus quoi, pour que puisse me relever et dans mes souvenirs, rester allongé dans mon lit une semaine entière. Un autre, moins violent, mais dont les "répliques" ont duré six mois, pendant lesquels je prenais mon petit déjeuner debout : oui, le matin, c'est le moment critique, se lever est une épreuve, les premiers pas ou je "marche sur des oeufs", et dans la première heure de la matiné, mieux vaut ne pas se rassoir (en tout cas pour ce qui me concerne). En 2013, tout médicament à base de tetrazepam² est retiré du marché dans l'union européènne. Ce medoc, contre les contractions musculaires douloureuses  (vous avez peut-être connu le Myolastan) était, pour moi miraculeux, vraiment efficace, à condition de le prendre immédiatement ( d'après mon expérience). Aujourd'hui, sur les conseils d'un médecin, je combine un anti-inflamatoire (ketoprofène) avec le bromazepan (lexomil), et j'arrête rapidement, dès que je ressent un mieux. Le repos n'est pas forcément un bon remède. Il faut le plus rapidement possible se "remettre en marche". A l'occasion de ce premier lumbago, à 30 ans , les radios ont montré une usure prononcée des disques intervertébraux entre L4, L5 et L6. (Ci-dessous pour plus d'informations). Un rhumatologue que j'ai un jour consulté à Brest m'avait dit : "Oh, vous savez, 80% des gens ont des problèmes de dos, quand vous serez vieux, vous ne sentirez plus rien. Ca fait 90€". On apprend ensuite à éviter les gestes à risques, on apprend à se baisser, etc. A chaque récidive, je m'interroge sur les raisons qui ont déclenchées le lumbago. Il n'y a pas que la mauvaise posture en elle-même. C'est toujours une accumulation de petites erreurs, les quelques jours avant que cela ne survienne. Trop de manutentions, de la fatigue, et finalement l'oubli du bon geste. La pratique de l'escalade n'a jamais été un problème. 

Je viens d'en faire un dans mon fourgon ce mercredi 16/11 matin. Sur le point de quitter Nans-sous-Sainte-Anne dans le Doubs ou j'avais fais une via ferrata la veille, alors que je venais de faire le ménage dans Bernard, en voulant repositionner le siège passager en position de conduite... je me retrouve par terre, à genou avec les symptômes et douleurs décrits plus haut. Je n'en mène pas large. Je suis sur l'aire de camping-car à l'écart de ce village ou hier, j'ai croisé six personnes en tout. Je parviens dans la douleur à attraper le "traitement" dans le frigo et me hisser sur le lit (Dans Bernard, tout est proche !). Le lexomil m'apaise. Je me "détends" littéralement. Deux heures plus tard, j'arrive à me caler sur le siège avant et, exceptionnellement, pour éviter tous les virages,  je rejoins l'autoroute pour rentrer sur Mulhouse. Bon, c'est pas le dernier, je suis trop jeune ... Et je me répète à chaque fois (comme dit ma maman qui va sur ces 103 ans) , ça ira mieux demain.

tetrazepam² : Le tétrazépam appartient à la classe des benzodiazépines et a une activité pharmacodynamique qualitativement semblable à celle des autres composés de cette classe : myorelaxante, anxiolytique, sédative, hypnotique, anticonvulsivante, amnésiante. (Des réactions cutanées rares mais très graves, et parfois mortelles, sont à l'origine de cette suspension du marché, etc ...)

Le mot « lumbago », emprunté au latin, signifie littéralement « faiblesse des reins ». Il est donc peu surprenant que ce mot soit aujourd’hui utilisé pour décrire une douleur aiguë dans le bas du dos. Le lumbago peut être d’origine rhumatismale ou musculaire et survient le plus souvent de façon subite. Généralement, un lumbago survient à la suite d’un mouvement brusque impliquant la région lombaire. Souvent, les personnes souffrent d’un lumbago suite à un effort pour soulever un objet lourd. En effet, lorsque l’on utilise une mauvaise technique pour soulever des objets, il est fréquent de ressentir une douleur fulgurante dans le bas du dos pouvant même aller jusqu’à empêcher de se redresser. Toutefois, le lumbago peut survenir lors d’efforts bénins tels que lacer ses chaussures ou même après plusieurs heures en position assise comme lors d’un long voyage en voiture. La colonne vertébrale est composée de 24 vertèbres mobiles séparées par des petits disques de cartilage fibreux au noyau gélatineux. Le rôle de ces disques est de protéger les vertèbres contre le frottement et les chocs ainsi que les déformations et l’érosion qui s’ensuivraient. Toutefois, l’âge et le surmenage des articulations de la colonne abîment ces petits disques protecteurs. Lorsque l’on sollicite une colonne dont les disques intervertébraux sont usés, une douleur peut apparaître.