Ouah ! Que d'émotions dans cette via pour plusieurs raisons. Je ne m'attendais pas à cette verticalité, ce gaz permanent. Aussi, le bruit ambiant de la Rouanne ( affluant de la Drôme) au pied de la falaise était perturbant (un peu comme quand on grimpe à Pen Hir, en bord de mer). L'équipement, même s'il était parfait, m'a paru plus fragile qu'à l'ordinaire en raison du diamètre des tiges d'acier qui constituent les barreaux. La progression dans l'ombre (photos 11 et 14), le rocher fris foncé, les zones ou il faut légerement redescendre dans un petit devers sans voir ou l'on met ses pieds (photo 21) tout ceci combiné, a failli me faire abandonner en cours de route, enfin, je veux dire par là qu'au moment de la jonction entre la voie bleu et la rouge (voir photo 1), j'ai du me botter les fesses pour prendre la rouge sachant que j'allais avoir des sensations plus intense que jusqu'alors. Ravi finalement de l'avoir fait, d'autant plus que cette partie etait bien longue, plus difficile, mais aussi ludique. Une véritable surprise. Bien quil soit possible de se rendre en voiture à 300m du depart de la via, je ne n'ai pas fais subir à Bernard les 6,5km de piste très caillouteuse. Parti à 06h50 pour une heure trente de marche et gagner 300m de denivelé, j'ai demarré la via vers 08h20, premier dans la paroi et terminé vers 09h35, de retour à Ancelle vers 11h30. A la sortie de la via j'aperçois Henri, 77 ans, qui me talonne de près, qui vient de la faire en 30mn. Certe, il n'a pas fait 350 photos comme moi, mais quand même ! On fait connaissance. Rapidement il me parle de sa jeunesse et de ses courses d'alpiniste, d'un temps ou l'on partait à l'aventure, sans topos, en posant sa protection, en faisant des rappels à la cuisse². Il vient à parler du Mont Aiguille (photos 36 et 37) qu'il a gravi par tous les cotés de nombreuses fois, et l'on convient, si nos agenda le permettent, d'en faire ensemble la voie normale (photo 38) apres la ruée estivale. J'envisageais de la faire seule, mais la perspective de trimbaler, seul, 100m de cordes pour les rappels de descente m'a jusqu' à présent fait hésiter. Henri me dit que la seule difficulté réside dans le cheminement de la voie qui louvoie beaucoup (et à chercher "sa voie", on perds beaucoup de temps, on se fatigue, on se met en danger)
² Rappel à la cuisse (à l'ancienne, avant que n'apparaisent les systèmes de rappel comme le 8, voir photos 39 et 40) :
Trouvé sur un forum de discussion alpinisme : Rappel à l’ancienne? c’est comme la moutarde du même nom. C’est assez violent. Et ça semble assez peu compatible avec les textiles actuels…Mais bon… Tu te mets à cheval sur la corde et tu la tiens avec la main gauche, avec la main droite, tu récupères la corde derrière la cuisse droite, tu la fait passer en travers de la poitrine puis par dessus la tête et sur l’épaule gauche. Toujours avec la main droite, tu reprends derrière toi la corde qui te pend dans le dos et tu descends en donnant du mou ou en freinant, selon la vitesse, avec la main du bas, la main droite donc.
Bon courage. Prévois un tube de biafine.
ou bien encore : T’avais le choix entre une brûlure superficielle mais très étendue (en fait, tous le dessous de la cuisse, vu que tu changeais la corde de place tous les 5 mètres) ou alors une brûlure au 3ème degré, mais très localisée (mais avec des complications, car le lycra de ton knicker avait fondu dans la plaie)…
Sans compter sur l’effet extrêmement abrasif d’une corde chargée de minuscules grains de granit récoltés sur les vires précédentes, qui avant de brûler, déchiquette.
Le pull jacquard de Rébuffat devait être tissé en kevlar, sinon j’vois pas !